Le couple au XVIIIe siècle


Préface:

Introduction

A près plusieurs années d’existence, les journées interdisciplinaires sur le XVIIIème siècle de l’Université de Bourgogne ont pris de l’ampleur et obtenu une certaine reconnaissance universitaire. Le centre lmage/TextefLangage de la Faculté de Langues nous accueille pour la publication des actes dans sa collection «Kaléidoscopes », et nous apporte son soutien dans l’organisation des journées d’étude annuelles, ce dont nous le remercions.

La journée de mai 2000, consacrée à l’image du couple, a permis à quatorze intervenants venus de divers horizons d’échanger leurs idées.

J’ai voulu, pour illustrer la couverture de nos Actes, une image chaleureuse et détendue, car c’est cette impression qui s’est dégagée de notre journée. Malgré les difficultés des couples et la position subordonnée de la femme, le XVIIIème siècle semble nous offrir une image positive, ou du moins lumineuse du couple. Je désirais aussi un tableau qui représentait un couple véritable, et non simplement un homme et une femme fictifs, sortis de l’imagination d’un peintre, dans des situations peut-être plus osées, mais sans doute aussi moins conformes au quotidien. Bien sûr, le tableau peint par William Hogarth révèle bien des aspects conventionnels, mais aussi un certain bonheur de vivre.

L’homme qui tient la plume est interrompu par sa jeune femme alors qu’assis à son bureau on pourrait penser qu’il écrit quelques lettres sérieuses, Elle s’apprête, debout derrière lui, pour le taquiner, à saisir cette plume. Tous deux ont un léger sourire et paraissent très à l’aise dans leurs vêtements élégants dont les dentelles s’ébouriffent. Ce tableau de Hogarth dont les gravures satiriques ornent souvent les ouvrages consacrés à un XVIIIème siècle en déséquilibre, respire pour une fois le bonheur domestique, et pour tout dire le confort bourgeois. Il est d’autant plus intéressant de savoir que ce couple est formé par deux artistes de la scène: l’acteur David Garrick, et sa femme, danseuse, Violette. Ceci explique peut-être aussi leur attitude si peu compassée ! Hogarth, en plaçant un volume des oeuvres de Shakespeare derrière Garrick, nous rappelle discrètement la brillante carrière de ce grand acteur, qui se faisait aussi auteur.

Ce tableau est aussi un clin d’oeil à l’essai de C. Charpillat sur le théâtre et ses couples. Et aussi à bien d’autres communications réunies ici car quels furent les couples qui ne se jouèrent pas leur comédie (ou leur tragédie) sur le théâtre de leur vie, publique ou privée, comme on le verra à la lecture de ce recueil?

Dans la première partie, nous avons réuni les essais parlant de couples réels et de leurs difficultés. Les essais sont variés, ce qui est dû à la longueur même de ce XVIlIème siècle, qui va de Saint-Simon aux convulsions révolutionnaires, mais aussi des couples harmonieux (F. Rayiez, B. Chevignard) à des couples qui se brisent dans le scandale (S. Lamy-Marchenoir, M-O. Bernez) ou dans l’anonymat (C. Durand—Coquard).

Le point de vue des fenmies, des hommes aussi, nous est donné. Nous visitons divers pays, passant des moqueries sur le caractère ambigu du sigisbée en Espagne (P. Grisard), aux voyages de Wollstonecraft (M-O. Bernez) et aux pérégrinations de Therese Forster (S. Lamy-Marchenoir).

Dans une seconde partie, les essais prennent pour point de départ des oeuvres de fiction, que ce soit le théâtre — comédie de la Restauration (C. Charpillat) ou la formation du couple chez Marivaux (L. Desvignes) — ou les contes (P. Volut, sur Marmontel), et bien évidemment les nombreux romans français du XVIIIème siècle.

Les intervenants ont étudié les relations difficiles à l’intérieur du couple, mais aussi les rapports complexes des couples tiraillés entre les exigences de la société et l’individualisme naissant (G. Samson), ainsi que les curieux rapports du libertinage, de l’amour et de la conjugalité (N. Nosbaum; M-A. Arnaud Toulouse). Les subtils équilibres entre hommes et femmes et leurs diverses interprétations sont particulièrement frappants dans l’analyse de J-P. Schneider, sur les Lettres Persanes et les Lettres d’une Péruvienne.

En épilogue, F. Rosa nous emmène aux confins de la planète: le voyage à Tahiti, qui offre au XVIIIème siècle une ouverture sur des couples en dehors de l’Europe, est aussi le lieu où il est le plus difficile de démêler fantasme et réalité.

Tables des matières :

Introduction. (pp. 5-6)
Claude Durand-Coquard : Les couples désunis devant le juge de paix, en milieu rural, à la fin du XVIIIème siècle. (pp. 7-13)
Pierre Grisard : Un couple ambigu : Madame et son sigisbée. (pp. 15-25)
Bernard Chevignard : ” Toi ou rien ” : l’amour conjugal chez Mme de Rémusat. (pp. 27-42)
François Raviez : Une ligne de larmes ou Madame de Saint-Simon au miroir des Mémoires. (pp. 43-49)
Sylvie Lamy-Marchenoir : Therese et Georg Forster : l’évolution du couple au sein de la bourgeoisie cultivée allemande à la fin du XVIIIème siècle. (pp. 51-64)
Marie-Odile Bernez : Le couple : idéal et réalité chez Mary Wollstonecraft. (pp. 65-74)
Claudie Charpillat : Le couple dans la littérature britannique dans la première moitié du XVIIIème siècle : du fantasme au sermon. (pp. 75-82)
Lucette Desvignes : La formation du couple chez Marivaux. (pp. 83-89)
Pierre Volut : Entre scandale et vertu : les couples dans trois Contes Moraux de Marmontel. (pp. 91-101)
Guillemette Samson : Les couples dans quelques œuvres de Mme de Charrière (1740-1805). (pp. 103-114)
Nathalie Nosbaum : Le mariage dans le roman français du XVIIIème siècle de Challe à Louvet de Couvray : une solution au conflit entre individu et société. (pp. 115-124)
Marie-Anne Arnaud-Toulouse : Le pire et le meilleur : images du couple dans Les Amours du Chevalier de Faublas et Emilie de Varmont. (pp. 125-139)
Jean-Paul Schneider : Désir dispersé, désir réfléchi : des Lettres persanes aux Lettres d’une péruvienne, la difficile appréhension de l’Autre dans le couple des Lumières. (pp. 141-150)
Fabien Rosa : Le couple dans la société polynésienne. Analyse de quelques journaux de voyage. (pp. 151-156)

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